Après quelques vaines tentatives un cliquetis se fit
entendre. Le système céda. J’ouvris lentement la porte au verre dépoli
tout en m’assurant de glisser une main sous ma veste.
Je
pénétrais dans le vestibule miteux où la poussière recouvrait la plupart
des objets hormis quelques étagères fraichement vidées. Mes yeux mirent
un temps à s’adapter à la pièce trop éclairée. Un air entrainant me
parvint aux oreilles par l’entrebâillement de la seconde porte qui me
faisait face. « Sing, Sing, Sing ».
Ma main recouvrit la
poignée, mes sens toujours en alerte. Je n’avais que trop vécu de
pareilles situations. J’ouvris avec force la seconde porte. Ce geste fut
cependant brusquement interrompu, la porte butta mollement sur quelque
chose au sol. Je forçais un peu plus et me faufila dans la seconde pièce
beaucoup plus sombre.
Des valises entrouvertes
jonchaient le parquet de bois usé. De nombreuses affaires jetées
hâtivement les recouvraient. Plus loin c’était autre chose qui
recouvrait le sol. Au pied d’une table de bois massif que rien ne
semblait pouvoir ébranler, une fine flaque composée à la fois de vin et
de sang semblait vouloir s’étendre paisiblement le long des rainures du
parquet. Parcourant de mes yeux la tâche écarlate, mon regard s’arrêta
sur un corps qui, quelques minutes auparavant, bougeait encore. La
profonde entaille sous la pomme d’Adam m’épargna une vérification
inutile. La tête formait un angle bizarre, appuyée contre les pieds d’un
guéridon sur lequel était posé une bouteille ouverte. A ses côtés se
trouvait une carte dorée qui semblait briller d’elle-même dans la
noirceur de la pièce, et sur laquelle était maladroitement écrit
« Joyeux Noël ».
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